Mandela vu par Clint Eastwood : nouveau chef d'oeuvre

Invictus, le nouveau film de Clint Eastwood, a été projeté hier dans la prestigieuse salle de la Directors Guild of America, sur Sunset boulevard, en présence de l'artiste. Comme toujours, le réalisateur a eu droit à une ovation. Comme toujours, méritée, car c'est un film remarquablement réalisé et éclairé, grâce au talent de Tom Stern, le directeur de la photographie préféré de Clint Eastwood. Mais en plus le sujet abordé, sur un scenario apporté à Clint Eastwood par Morgan Freeman, l'acteur principal, est aussi passionnant qu'émouvant.

Comment Nelson Mandela, après son élection comme premier président de la République Sud-Africaine de l'après-apartheid, entreprit de rassembler une population divisée pour tenter d'en faire une "nation arc-en-ciel". Comment pour cela il dut convaincre les Noirs, majoritaires, si longtemps opprimés, qui l'avaient porté à la présidence, de pardonner, et convaincre les Africaaners qu'ils avaient un avenir dans cette nouvelle Afrique du Sud dont le pouvoir politique venait de leur échapper.

Ce que raconte le film, c'est un épisode véridique de la naissance de cette nation moderne : le pari de Mandela d'ériger l'équipe des Springboks, la fierté des Africaaners, honnie des Noirs, au point qu'ils en applaudissaient ses défaites, en un symbole de la réconciliation nationale, à l'occasion de la coupe du monde de rugby 1995 en Afrique du Sud. Matt Damon joue François Pienaar, le capitaine de l'équipe, tandis que Morgan Freeman montre une ressemblance étonnante avec le président sud africain, notamment dans ses gestes et son phrasé, à une exception près : il n'a pas le sourire permanent de son modèle, à la fois doux, lumineux et bienveillant.

Invictus : vous en sortirez bouleversés.