Monday, February 1, 2010

Le succès des Français aux GRAMMY Awards

Après un Grammy pour Justice et deux pour Daft Punk en 2009, nous avons compté cette année 18 nominations aux Grammys pour les artistes français et francophones, et au final trois trophées. Ce n'est pas tous les ans que le succès est tel. Il fallait le célébrer. Ce fut donc un plaisir de recevoir, pour leur rendre l'hommage qu'ils méritent, les nominés français samedi 30 janvier, à la veille de la cérémonie, à la résidence de France, en présence du Vice-Président de la Recording Academy, David Grossman. En cette veillée d'armes, les membres du groupe Phoenix ont rejoints, les autres nominés, ainsi que Thomas Bangalter et Guy-Man de Homem-Christo, les Daft Punk, les stars mondiales de la musique électronique. Ce fut l'occasion de mettre en valeur, devant une assistance de professionnels de la musique de Los Angeles, et notamment des music supervisors des studios hollywoodiens, la diversité que les nominés français représentent.

Un mot sur la cérémonie du dimanche ensuite : ce que j'ai vu, dans le désormais mythique Staples Center plein à craquer (le stade des Lakers) est un spectacle exceptionnel, avec des artistes dont le professionnalisme -je pense à Pink en particulier- les pousse à faire des performances inouïes. Mon conseil : allez en ligne, le show est disponible en video on demand. Vous verrez Eminem et Lil Wayne, Jeff Beck pour un hommage à Les Paul, Pink en chanteuse trapeziste, Beyoncé, Jamie Foxx avec Doug E Fresh, et bien autres.

Bravo à Phoenix pour le Grammy du meilleur album de rock alternatif, obtenu malgré une forte concurrence (dont Depeche Mode). Le style léger mais toujours sophistiqué du groupe, qui prit ce nom en 1997 en hommage à l'acteur américain culte River Phoenix, est enfin récompensé. Après avoir participé à la BO de Virgin Suicides, puis de L’amour extralarge des frères Farelly, et enfin de Lost in Translation (2003), après avoir eu un de ses hits en générique de fin de la série cultissime à LA Entourage, après avoir été le premier groupe français invité sur le plateau du Saturday Night Live, par Seth Rogen, après avoir eu un autre de ses titres utilisé par un célèbre constructeur automobile américain au nom très français, Phoenix voit son dernier album Wolfgang Amadeus Phoenix décrocher un disque d’or en France (janvier 2010) et être vendu à déjà plus de 300 000 exemplaires aux Etats Unis.

Bravo à David Guetta, qui obtient le Grammy du meilleur remix, après avoir été nominé 5 fois, ce qui est un remarquable exploit. Elu meilleur Dj House de la planète par le magazine anglais DJ MAg pour la 3e année consécutive, il est en 2009 l'artiste français qui a vendu le plus de disques dans le monde : plus de 7 millions de disques, un record en tant que DJ. Après avoir participé au « Together as One » concert du nouvel an à LA le 31 décembre dernier, il a très récemment collaboré avec Madonna (remix de Revolver). On l'a vu aux platines sur le plateau des Grammys, au Staples Center, jouer pour les Black Eyed Peas.

Bravo à Mamadou Diabaté, Grammy du meilleur album de world music traditionnelle. A 35 ans, né au Mali, il est le fils d'un joueur de kora, Djelimory Diabaté (rappelons que la kora est la harpe traditionnelle mandingue à 21 cordes, dont jouent les griots au Mali, au Sénégal, en Gambie, en Guinée, et jusqu'en Sierra Leone). Il est membre de la Mandinka West African jeli, caste de musiciens à laquelle sa famille appartient depuis plus de sept siècles (son héritage remonte à l’époque de Sunjata Keita, conquérant de l’empire malien). Désormais installé aux USA, il se produit en Europe et en Amérique du Nord pour faire découvrir la kora à de nouveaux publics. Mentionnons les deux autres nominés francophones, Maliens également : Oumou Sangaré, qui chante depuis l'âge de 5 ans, et a mis son talent au service de l'UNESCO pour défendre les droits des femmes, et bien sûr Amadou et Maryam, qui étaient en concert il y a quelques mois à Los Angeles. Bravo donc à ces trois talents, et bravo aux autres nominés français :

- Pierre Boulez, qui dans les quarante dernières années, a reçu 26 awards, et qui était nominé cette année pour sa collaboration avec un formidable pianiste, Pierre-Laurent Aimard, dont il fut le mentor.
- Harmonia Mundi, le prestigieux label de musique classique, a compté trois nominations.
- Alexandre Desplat, dont la carrière de compositeur de musique de films suit celle de Maurice Jarre (à qui la Recording Academy a d'ailleurs rendu hommage hier soir lors de la cérémonie) : après avoir composé notamment la musique des films de Jacques Audiart (dont Un prophète, peut-être le meilleur film de l'année), il a été nominé deux fois aux Oscars pour The Queen (2006) et The curious case of Benjamin Button. On entendra son nom très bientôt, puisqu'il va composer la musique du prochain chapitre de Twilight, mais aussi le prochain Terence Malick (The tree of life) et le prochain film de Roman Polanski.
- Mon ami Mathieu Bitton n'est pas compositeur, mais il est un graphiste de génie, qui a travaillé avec les plus grands noms du cinéma américain (Tarantino, Scorcese, Michael Mann), mais aussi avec d'immenses musiciens, comme James Brown ou Isaac Hayes. C'est son travail sur le packaging de l'édition limitée de Jane's addiction (autre groupe de Los Angeles) qui lui a valu sa nomination. Je suis maintenant impatient de voir le documentaire que Mathieu est en train de tourner sur Lenny Kravitz, qu'il a accompagné dans l'enregistrement de son dernier album (qu'il nous dit prometteur).
- Le pianiste de jazz Philippe Saisse a quant à lui bâti une impressionnante discographie, qui comprend des collaborations avec Al Di Meola, David Sanborn, David Bowie et Al Jarreau. C'est naturellement qu'il a été nominé pour le Grammy du meilleur album de jazz contemporain.
- Martial Solal, dont le nom est désormais attaché au plus prestigieux concours de piano jazz de France, qui se tient tous les quatre ans : il a mené sa carrière des deux côtés de l'Atlantique, ce qui l'a amené à jouer avec des légendes du jazz comme Dizzy Gillespie, Stan Getz, Stéphane Grapelli, et le monumental Chet Baker. Il a également prêté son talent au cinéma, en composant les musiques des films des plus grands (Orson Welles), et notamment le chef d'oeuvre de Jean-Luc Godard, A bout de souffle (dont nous venons de fêter ce mois-ci le cinquantenaire à Los Angeles avec Jean-Paul Belmondo).

Les Grammys honorent les maîtres; mais ils accueillent aussi les nouveaux-venus. C'est ainsi que la belle initiative de la ville d'Aulnay-sous-Bois a pu être récompensée par une nomination : Aulnay, à l'initiative de son maire, Gérard Ségura, présent samedi soir à la Résidence de France, a organisé en novembre 2008 un festival de blues. Le Aulnay All Blues festival a rassemblé des figures historiques du blues de Chicago comme Billy Boyd Arnold, Lurrie Bell, John Primer et Billy Branch (ces deux derniers étaient parmi nous samedi soir). Le succès fut tel que la ville décida de produire un CD. Larry Skoller, un Américain installé à Cognac, prit le relais. "Chicago Blues : A living History" est né en avril 2009. Et après un prix à Memphis, le maire et ses adjoints se retrouvent à Los Angeles, au Staples Center, pour une nomination aux Grammys. Félicitations !


Photos: Louis Delavenne / Revolution Pix


2 comments:

  1. Monsieur Martinon,

    Je suis journaliste indépendant et recherche actuellement un duo d'artistes français ayant reçu un grammy en 2008 ou 2009 pour un disque de blues/jazz/gospel enregistré aux USA avec des musiciens / choir locaux.

    Pourriez vous m'aider dans cette recherche ?

    Bien cordialement,

    Sylvain Thuret

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